Séminaire : « Productions et circulations des biens culturels : le cas des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient », La restauration filmique comme politique
Les séances auront lieu désormais les jeudis entre 16h et 18h dans la salle 3.023 du bâtiment Sud du Campus Condorcet (5 cours des Humanités 93322 Aubervilliers) qui est situé à la sortie de la station Front Populaire (ligne 12 du métro francilien). Il sera possible de suivre le séminaire à distance en s’inscrivant ici : le lien Zoom qui vous sera communiqué sera inchangé pour l’année. Si vous êtes déjà inscrit sur notre liste de diffusion, il est inutile de répéter cette opération.
L’équipe d’organisation : Maria Adib-Doss (Université Paris 13, LabSIC), Asmaa Azizi (Université Paris 13, LabSIC), Abdelfettah Benchenna (Université Paris 13, LabSIC) et Dominique Marchetti (CNRS, CESSP)
Contacts : maria.doss[at]univ-paris13.fr ; asmaa.azizi[at]univ-paris13.fr ; benchenna[at]univ-paris13.fr ; dominique.marchetti[at]cnrs.fr
Jeudi 19 décembre 2024 – Mathilde Rouxel : La restauration filmique comme politique
Cette intervention s’intéresse à la puissance politique du concept de restauration appliqué aux images de lutte politique et idéologique dans les pays arabes. Dans une région du monde où les images, comme ailleurs, ont produit au fil des âges des récits alternatifs qui permettent de repenser l’histoire des sociétés qui les ont produite, remettre en circulation des films du passé permet de proposer des contre-récits aux images dominantes qui véhiculent, constamment, des clichés sur les peuples et les territoires d’Afrique du Nord et d’Asie occidentale. La filmographie prolixe de la cinéaste libanaise Jocelyne Saab est un cas d’étude atypique que cette intervention a pour but de présenter et de développer. Depuis 2019 et le décès de la cinéaste, la création de l’Association Jocelyne Saab a tenté de repenser les dynamiques coloniales à l’oeuvre dans la sauvegarde du patrimoine filmique mondial. Faisant écho à d’autres initiatives indépendantes que nous ne manquerons pas de mentionner, l’Association Jocelyne Saab s’est d’abord intéressée à agir au Liban sur le travail de la cinéaste franco-libanaise Jocelyne Saab. La filmographie conséquente de la cinéaste, qui a filmé notamment une vingtaine de films en 16mm, trois longs-métrages en 35 mm, présentait un enjeu de préservation majeur. Pour pallier à l’absence d’institution dédiée aux archives de films au Liban et dans la plupart des pays de la région ainsi qu’au désintérêt des institutions occidentales, qui sera interrogé dans le cadre de cette discussion, l’Association Jocelyne Saab a proposé des ateliers de restauration numérique de film, afin que les images produites dans et pour les pays arabes puissent être restaurées par des techniciens qui connaissent les lieux et leur histoire. Dans un double mouvement d’éducation et de travail pratique, près d’une vingtaine de films, de Jocelyne Saab et d’autres cinéastes, ont été aujourd’hui restaurés de façon indépendante au Liban et en Egypte, et circulent massivement dans les festivals de la région MENA, comme une pièce d’histoire d’un puzzle à reconstruire.
Docteure en études cinématographiques de l’Université Sorbonne-Nouvelle, Mathilde Rouxel est une chercheuse rattachée à l’IREMAM-CNRS de l’Université Aix-Maseille et une programmatrice spécialisée dans les cinémas des pays arabes. Elle est directrice artistique du festival Aflam à Marseille et du festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec. Fondatrice de l’Association Jocelyne Saab et à l’initiative de l’Archive Circulation Initiative, elle organise des ateliers de restaurations de films dans les pays arabes pour faire réémerger des images oubliées et participer à une autre écriture de l’histoire des peuples et de leur cinéma.